Technologie Le plan de Macron pour faire de la France une puissance de l’intelligence artificielle

À l’occasion du Sommet action IA qui se tient lundi et mardi prochains à Paris, le président de la République a dévoilé son plan pour faire de la France une puissance de l’intelligence artificielle. Disposant d’une dizaine de centres de recherches de pointe et de quelques fleurons comme Mistral, l’Hexagone fait pour l’instant la course en tête au niveau européen. Mais la compétition est rude.
Boris Ivanoff - 07 févr. 2025 à 17:00 | mis à jour le 09 févr. 2025 à 21:01 - Temps de lecture :
Un millier de startup employant 40 000 personnes et quelques

Un millier de startup employant 40 000 personnes et quelques "clusters" constituent pour l’instant l’écosystème de l’IA en France. Photo Sipa/Mourad Allili

« Faire de la France une puissance de l’intelligence artificielle ». Telle est l’ambition affirmée par Emmanuel Macron - qui souhaite voir la France devenir « le numéro 3 mondial », derrière les Etats-Unis et la Chine - à l’approche du Sommet action IA qui se tient lundi 10 et mardi 11 février à Paris. Pour y parvenir, le président de la République s’appuie sur l’existant.

Avec un millier de startup qui emploient 40 000 personnes dans le secteur, neuf "clusters" (autrement dit des laboratoires de recherches associés à des centres d’application universitaire) et des entreprises qui commencent à se faire un nom dans le domaine du traitement des données, telle Mistral, « la France est aujourd’hui le leader européen de l’IA », souligne-t-il.

Avec un bémol : l’Europe ne pèse pour l’instant pas bien lourd dans le marché mondial. L’ensemble des "data centers" (centre de stockage et de calculs des données) d’Europe ne fournissent aujourd’hui que 2 à 3 % des données utilisées par OpenAI (Microsoft) ou autre DeepSeek (opérateur chinois).

Formation, data centers et régulation

Pour accélérer le développement de l’IA française, l’ambition présidentielle s’articule autour de trois éléments pour tenter de rivaliser avec les géants américains et chinois. La recherche et la formation d’abord : la France abrite aujourd’hui 4 000 chercheurs spécialisés. Des cursus ouverts dans différentes universités ou grandes écoles « seront en mesure de former 40 000 chercheurs par an, voire 100 000 d’ici à 2030 », lance le chef de l’État.

Deuxième volet, les "data centers" : 35 vont voir le jour un peu partout sur le territoire, selon l’Elysée qui n’en pointe toutefois que 28 sur une carte. Un premier projet d’envergure a été annoncé par la présidence de la République dès jeudi soir : les Emirats vont investir entre 30 et 50 milliards d’euros pour un data center géant.

35 data centers vont voir le jour un peu partout sur le territoire, selon l’Elysée. Infographie présidence de la République

35 data centers vont voir le jour un peu partout sur le territoire, selon lElyse. Infographie prsidence de la Rpublique

Troisième et dernier axe : organiser un cadre français et européen de régulation des usages de l’IA. Contrairement à l’IA Act européen qui liste les usages interdits et à risque, ce cadre devra établir « ce qu’il est possible de faire dans le respect des principes fondamentaux de notre société : la non-discrimination et le respect des libertés individuelles », indique encore l’entourage du président.

Un sommet pour attirer les investisseurs

Mais ce développement de l’écosystème français de l’IA ne peut bien sûr pas se faire sans argent. Le millier de startup françaises a réalisé une levée de fonds de près de deux milliards d’euros l’an dernier et les investissements publics-privés s’établissent à 20 milliards d’euros depuis 2022, selon BPIfrance.

Des sommes toutefois dérisoires face aux 500 milliards de dollars annoncés par Donald Trump début janvier et aux 20 milliards que Google injecte chaque année dans Gemini (son modèle d’IA intégré). « Mais l’avenir de l’intelligence artificielle se situe aussi dans ses talents et ses innovations. Nos modèles sont aujourd’hui beaucoup plus frugaux en énergie qu’OpenAI par exemple. C’est ce qui fait qu’une solution comme Mistral va avoir de plus en plus de clients », assure Emmanuel Macron.